Dans un contexte politique marqué par la pré-campagne relative à la présidentielle du 12 avril 2025, le climat social est particulièrement mouvementé au Gabon. Des velléités de repli identitaire s’expriment ici et là, en même temps que s’élèvent des appels au bon sens et à l’unité, qui ont souvent cimenté le ‘’Vivre ensemble’’ au Gabon. A s’y méprendre, ce climat malsain pourrait avoir été créé par des faits au plus haut sommet de l’Etat et qui sont loin d’être anodins. En acceptant les fonctions de président d’honneur des associations ‘’Ossimane’’ et ‘’Tsoumou’’, Oligui Nguéma aurait-il ouvert la boîte de pandore ?
Alors que ses hautes et prestigieuses fonctions de président de la transition, président de la république, Chef de l’Etat le placent au-dessus de la mêlée, donc antinomiques avec toutes autres responsabilités même honorifiques, Brice Clotaire Oligui Nguéma a volontiers accepté d’être fait président d’honneur de deux associations à caractère ethno-régionaliste, ‘’sectaires’’ : ‘’Ossimane’’ et ‘’Tsoumou’’.
‘’Ossimane’’ qui signifie selon le contexte ‘’souvenons-nous’’ en langue Fang est à l’origine de sa création, le trait d’union des ressortissants d’Oyem, dans le Woleu-Ntem (nord) et ‘’Tsoumou’’ qui appelle au rassemblement des filles et fils de Ngouoni (d’ethnie téké), près de Franceville, dans le Haut-Ogooué (sud-est), sont deux localités et deux provinces d’où sont respectivement originaires le père et la mère du président de la transition.
Pour de nombreux observateurs du microcosme socio-politique gabonais et pour nombre d’éditorialistes, il n’est pas exclu que le parrainage ouvert de ces deux associations par le président de la transition, très mal apprécié au sein de la population, ait exacerbé les clivages dans un pays où l’unité parfois cosmétique, n’a jamais vraiment réussi à éteindre les rivalités ethnolinguistiques et à consolider la construction d’un Etat-Nation.
Souffler sur les braises de la division ethnique et communautaire
Récemment encore à Port-gentil, dans l’Ogooué-Maritime (littoral sud), lors d’une rencontre dite citoyenne sur la place de la Foire municipale Pierre-Louis Agondjo Okawé, le ministre des Affaires étrangères, Régis Onanga Ndiaye, a été chahuté sur tous les fronts et accusé de prêcher la fracture ethnique en faveur des »autochtones ».
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Son discours qualifié de partisan, n’a fait l’objet d’aucun démenti, ni de précision ou réprobation de la part du président de la transition au nom duquel il a officiellement prétendu délivré ce message de Port-gentil, contre lequel les natifs de l’Ogooué-Maritime non originaires demeurent vent debout.
En séjour à Lébamba en novembre dernier (province de la Ngounié, sud), en pays Nzébi, d’où est originaire son épouse, Zita, le président de la transition a vivement exhorté, aux allures d’injonction, les autochtones d’opérer un retour aux sources et d’arrêter d’investir le long de la route national 1, (dans les provinces de l’Estuaire à Libreville et du Moyen-Ogooué au centre), en pays fang, où certains sont installés depuis des générations.
Cette sortie de Brice Clotaire Oligui Nguéma avait été très mal perçue dans l’opinion, parce que contraire aux dispositions constitutionnelles qui proclament l’unicité et l’indivisibilité de la république gabonaise, à l’intérieur de laquelle tout gabonais est libre d’aller, de venir et de s’installer.
M.- O. Mignonne
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