les avocats choqués tirent sur la sonnette d’alarme –

La grève des magistrats, déclenchée le 14 janvier dernier par le Syndicat national des magistrats du Gabon (SYNAMAG) devient un blocage inédit de l’accès à la justice ont déploré les avocats du Gabon réunis lundi en assemblée générale à Libreville.

« Les avocats sont contraints de rester chez eux, sans activités. Les justiciables, y compris ceux qui devraient être libérés, sont bloqués dans les prisons. Pire encore, les déferrements continuent, mais sans perspective de jugement dans des délais raisonnables. C’est une situation inacceptable », a fustigé le bâtonnier de l’ordre des avocats du Gabon, Raymond Obame Sima.
Les avocats regrettent le non-respect du service minimum par les grévistes.

« La grève est un droit, mais elle doit s’exercer dans le cadre défini par la loi. Les magistrats ont des revendications légitimes, mais ils ne peuvent pas paralyser entièrement le système judiciaire. Nous allons rappeler au gouvernement et aux magistrats leurs responsabilités respectives », a prévenu le bâtonnier.

Les conséquences de cette grève dépassent largement le cadre professionnel des avocats et des magistrats. Les justiciables, déjà vulnérables, sont les premières victimes de cette paralysie. Des personnes innocentes ou en attente de jugement se retrouvent coincées en prison, sans perspective de procès. Parallèlement, de nouvelles personnes continuent d’être incarcérées chaque semaine, sans garantie d’un jugement rapide.

« Imaginez un instant que les médecins se mettent en grève et ferment tous les hôpitaux, y compris les urgences. Le chaos serait immédiat. C’est exactement ce qui se passe dans le système judiciaire aujourd’hui », a comparé Me Obame Sima.

Les avocats reconnaissent les difficultés auxquelles sont confrontés les magistrats. D’ailleurs, le bâtonnier n’a pas manqué de rappeler que certaines conditions de travail des magistrats sont inacceptables : « J’ai vu des magistrats terminer des audiences criminelles à 1 heure du matin, puis devoir rentrer chez eux en taxi, parfois aux côtés des familles des personnes qu’ils viennent de juger. Ces situations sont intenables », s’est-il indigné.

Malgré cette compassion, les avocats insistent. Les revendications, aussi légitimes soient-elles, ne justifient pas une paralysie totale de la justice.
« La loi doit être respectée par tous, y compris par ceux qui l’appliquent. La grève doit s’organiser dans le cadre légal, avec un service minimum garantissant le fonctionnement de la justice », a-t-il insisté.
« Nous ne sommes pas contre les revendications des magistrats, mais nous ne pouvons pas accepter que la justice soit prise en otage. Notre rôle est de défendre les droits de tous, y compris ceux des justiciables qui subissent les conséquences de cette grève », a conclu le bâtonnier.

L’ordre des avocats a pris l’engagement de jouer un rôle de facilitateur ou de médiateur entre les magistrats et le gouvernement afin que les deux parties fument le calumet de la paix.
Les magistrats sont en grève pour exiger l’application de leur statut particulier qui leur offre plusieurs avantages corporatistes et sociaux.

Betines Makosso

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