Ali Akbar Onanga Y’Obegue ne refuse pas son passé jugé « sulfureux » par ses détracteurs –

Ali Akbar Onanga Y’Obegue, ancien ministre et homme de main de l’ex chef de l’Etat Ali Bongo Ondimba devenu l’une des voix critiques contre les militaires au pouvoir et surtout le dissident le plus virulent du Parti démocratique gabonais (PDG, ancien parti unique) a décidé d’écrire et publier son autobiographie pour se défendre des attaques et critiques contre sa personne. La rédaction de Gabonactu.com publie l’intégralité de la première partie de ce portrait de l’homme connu pour sa petite phrase prononcée à Franceville sous Ali Bongo « on ne fait pas du neuf avec du vieux ».

MA PART DE VÉRITÉ SUR MON PARCOURS AU SOMMET DE L’ETAT ET MA VISION DE NOTRE AVENIR COMMUN

Mes chers compatriotes,

Depuis plusieurs semaines, mes adversaires et certains compatriotes mal informés ou instrumentalisés c’est selon, distillent dans l’opinion des mensonges éhontés sur ma personne, me peignant tour à tour comme un prédateur financier, un homme du passé, un artisan des dérives que je dénonce pourtant avec constance. Ils espèrent, par ces calomnies, affaiblir ma voix et me priver du soutien du peuple.

Avant que ces mensonges ne s’installent durablement au sein de l’opinion, j’ai choisi de m’adresser à vous d’une manière différente. Cette fois-ci, je ne viens pas seulement analyser la situation du pays. Je viens parler de moi, sans filtre, sans faux-semblants, pour que chacun, en toute conscience, puisse juger sur des faits, et non sur des rumeurs.

Cette tribune je vais la diviser en trois parties publiées régulièrement durant trois jours incha Allah : La première partie que je publie aujourd’hui évoque le poids du passé et la nécessité de rétablir la vérité. Dans la deuxième partie qui sera publiée demain incha Allah j’aborderai le point relatif aux dérives du présent et l’urgence d’une alternative crédible. Enfin une troisième partie à paraître mercredi incha Allah sera consacrée aux exigences de demain et l’avenir que nous devons bâtir ensemble.

À travers ces trois volets, je veux déconstruire les préjugés, exposer la réalité de mon engagement, et montrer qu’il existe une autre voie pour notre pays. Je ne demande ni indulgence, ni complaisance. Je demande simplement que vous m’écoutiez, que vous analysiez les faits et que vous jugiez par vous-mêmes.

PREMIÈRE PARTIE : LE POIDS DU PASSÉ ET LA NÉCESSITÉ DE RÉTABLIR LA VÉRITÉ

Mes chers compatriotes,

J’ai servi sous le régime précédent. J’ai occupé des responsabilités importantes. Je ne suis pas ici pour réécrire l’histoire ni pour me dédouaner des échecs du passé. J’assume ce passé, parce qu’il fait partie de mon parcours, parce qu’il a façonné l’homme que je suis aujourd’hui.

Mais il y a une différence fondamentale entre ceux qui se servent du pouvoir pour leur propre bénéfice et ceux qui, conscients des limites et des dérives du système, tentent malgré tout d’agir pour le bien commun. J’ai fait partie de ceux qui, à l’intérieur du régime, ont essayé de corriger le cours des choses, d’infléchir les décisions, d’imposer une autre manière de gouverner, plus juste, plus transparente, plus respectueuse du peuple gabonais.

C’est cette volonté qui m’a guidé. Mais dans un système verrouillé, dominé par des intérêts claniques, où l’opportunisme l’emporte trop souvent sur la loyauté au pays, vouloir réformer, vouloir changer les choses, c’est se condamner à l’isolement, à la marginalisation, voire à l’élimination politique.

Cette volonté d’élimination politique est encore présente aujourd’hui contre ma personne, c’est pourquoi je tiens à faire la lumière, en toute transparence, en répondant aux critiques que certains formulent à propos de mon parcours lorsque je prends la parole aujourd’hui. Certains me demandent où j’étais lorsque le pays sombrait dans les erreurs que nous dénonçons désormais. Ils m’accusent d’avoir fait partie du système, et concluent que de ce seul fait, je ne peux me prévaloir d’une quelconque légitimité pour critiquer. À ces interrogations, je veux répondre avec clarté et sincérité.

Certes, de 2011 à 2019, j’ai exercé des responsabilités politiques majeures, et je n’ai jamais fui cette réalité. Mais contrairement à d’autres, je n’ai jamais été dans l’ombre des décisions les plus contestables. J’ai refusé de cautionner certaines dérives, j’ai critiqué de l’intérieur, et c’est précisément pour cette raison que j’ai été mis de côté. Ceux qui m’attaquent aujourd’hui oublient que lorsque les décisions qui ont précipité le Gabon dans la crise actuelle ont été prises, je n’étais plus dans les cercles du pouvoir.

Ils oublient aussi que beaucoup de ceux qui occupent aujourd’hui les postes clés de la transition, militaires ou civils, ont une longévité politique bien plus grande que la mienne. Beaucoup au plus hauts sommet de l’Etat aujourd’hui étaient encore les plus proches collaborateurs, civils et militaires du président Ali Bongo Ondimba, ils étaient à ses côtés lors de la campagne électorale à laquelle ils ont joué un rôle déterminant dans l’issue que nous connaissons tous aujourd’hui, alors que moi j’en étais tenu écraté depuis plus de quatre ans.

Lorsque j’ai compris que les logiques du pouvoir ne permettaient plus cette transformation, lorsque j’ai vu que certains choix faits allaient à l’encontre des intérêts du Gabon, j’ai refusé, en interne, de me taire. Ce refus a eu un prix. J’ai été mis à l’écart, évincé du gouvernement, exclu du PDG, privé de mon mandat de député et poussé à l’isolement politique. Pourtant, malgré cela, je suis resté fidèle à mes principes. C’est un fait incontestable.

C’est également le lieu pour répondre aux spéculations sur ma prétendue fortune. On veut faire croire que je me suis enrichi illégalement, que je détiens des ressources disproportionnées, que j’ai profité du système à des fins personnelles pour construire mes deux villas. Ces accusations sont non seulement infondées, mais elles ont été réfutées par tous les contrôles menés depuis 2019.

Les deux villas que je possède à Akanda ont été financées de manière totalement transparente. Lorsque j’étais ambassadeur, j’ai économisé sur mes revenus pour investir dans un projet immobilier. En 2011, alors que j’étais en train de bâtir une résidence sur un terrain légalement acquis à Agondjé, une opération de déguerpissement a conduit à la destruction de ma maison en construction.

Le Président Ali Bongo Ondimba a estimé que ma résidence devait être détruite, comme celles des citoyens ordinaires, pour montrer que l’État ne faisait pas d’exception. En compensation, il m’a accordé une aide financière importante, complétée par une indemnisation du Ministère de l’Habitat. Grâce à cette somme et à mes propres ressources, j’ai pu bâtir mes villas, sans jamais recourir à des entreprises de construction, mais en gérant directement les travaux avec des ouvriers payés à la tâche.

Ces biens ne sont donc pas le fruit d’un quelconque enrichissement illicite, mais d’un parcours de travail, d’épargne et d’organisation rigoureuse. Ceux qui colportent des rumeurs savent pertinemment que je n’ai jamais mené de vie ostentatoire. Ceux qui me connaissent savent que je n’ai jamais été un flambeur, que je n’ai jamais cédé aux excès d’une vie mondaine décousue où l’on dépense sans compter.

Mes convictions profondes font que je ne dilapide pas mon argent dans des futilités ou dans des mondanités vaines. Je crois en la rigueur, en la prudence financière, en la nécessité d’utiliser son patrimoine avec intelligence et modération. C’est précisément cette discipline personnelle qui m’a permis d’épargner, d’investir dans des projets concrets et solides, et non dans des plaisirs éphémères.

Ces accusations sont d’autant plus injustes qu’elles reposent sur une déformation volontaire des faits. Contrairement à certains, je ne possède que ces deux villas à Akanda. Deux villas, construites dans un standing de qualité non pas pour afficher une quelconque opulence, mais parce que j’ai voulu offrir à ma famille un cadre de vie adéquat et digne en conformité avec mes moyens et mon style de vie casanier.

D’autres, ayant exercé des responsabilités similaires aux miennes, ont parfois choisi de construire des maisons plus modestes, mais possèdent en réalité une multitude de biens immobiliers. Certains d’entre eux, bien connus dans le pays, disposent aujourd’hui de véritables empires fonciers, accumulant terrains et immeubles, alors même que leurs revenus officiels ne permettraient même pas de financer le quart de leur patrimoine.

Plus surprenant encore, certains qui n’ont jamais occupé de fonctions stratégiques dans l’administration, qu’ils soient civils ou militaires, affichent aujourd’hui une prospérité immobilière qui défie toute logique économique. Eux ne font l’objet d’aucune publicité, d’aucun acharnement, d’aucune enquête.

Alors pourquoi cet acharnement contre moi ? Pourquoi suis-je la cible de tant de calomnies alors que d’autres, dont la fortune est bien plus importante et suspecte, sont soigneusement épargnés ?

La réponse est simple : parce que je dérange. Parce que mon indépendance agace. Parce que, contrairement à eux, je n’ai jamais cherché à me compromettre pour acheter la paix avec le pouvoir ou avec mes adversaires. Parce que je n’ai jamais cherché à faire partie des cercles de compromission où l’on s’accorde mutuellement l’impunité en échange du silence.

Je ne suis pas de ceux qui se cachent. Je n’ai rien à dissimuler. Et aujourd’hui, devant le peuple gabonais, je mets chacun face à ses responsabilités.

Mes chers compatriotes,

Si aujourd’hui, je prends la parole pour rétablir la vérité, ce n’est ni par victimisation, ni pour me dérober à mes responsabilités. J’assume pleinement mon passage au sein des institutions de l’État. Je n’ai jamais fui le fait d’avoir été un acteur de la gouvernance passée, ni d’avoir exercé des fonctions de premier plan sous le régime du Président Ali Bongo Ondimba. Ce que je refuse en revanche, c’est l’instrumentalisation de mon parcours, la déformation des faits, l’exagération absurde qui voudrait faire de moi un prédateur financier, un despote, un homme omnipotent ayant tiré toutes les ficelles du pouvoir.

Il est temps que chacun prenne conscience de la réalité de ce qu’a été ma gestion des ressources publiques durant les huit ans sur quatorze où j’ai exercé des responsabilités. Il est temps que l’on sorte des caricatures et des fantasmes pour revenir aux faits, aux chiffres, à ce qui est vérifiable et incontestable.

On m’a décrit comme un homme tout-puissant, comme un intouchable ayant contrôlé l’appareil d’État et manipulé ses rouages à ma guise. Mais où est donc cette toute-puissance lorsque l’on regarde objectivement les faits ? J’ai été exclu des cercles du pouvoir, j’ai connu une longue traversée du désert. Où était la supposée toute puissance ? Je n’ai jamais détenu de portefeuille ministériel à fort enjeu financier, je n’ai jamais géré de budget d’investissement, je n’ai jamais été à la tête d’un ministère à fort potentiel de détournement, je n’ai jamais eu en main les ressources stratégiques du pays. Où était la supposée toute puissance ?

Pendant mes trois années en tant que Secrétaire Général Adjoint de la Présidence de la République, mon budget de fonctionnement était inférieur à 150 millions de francs CFA par an. Une somme qui, en comparaison avec d’autres services de l’État, était relativement modeste et servait essentiellement au bon fonctionnement du secrétariat.

Lorsque j’ai été nommé Secrétaire Général du Gouvernement, mon budget propre oscillait entre 100 et 200 millions de francs CFA par an, soit pour les quatre années du SGG globalement 500 millions environ et encore qu’il n’était pas entièrement exécuté, tout le monde connait le phénomène ! Le budget global de la coordination gouvernementale, dont je n’étais pas l’unique gestionnaire car relevant des fonds de souveraineté, était globalement, pendant les quatre années de mon magistère, d’environ 15 milliards de francs CFA, car il variait d’une année à une autre.

Mais il est crucial de préciser que ce budget n’était pas un coffre-fort mis à ma disposition, c’était une dotation affectée à des dépenses précises et incontournables, notamment :

– Les déplacements des membres du gouvernement : billets d’avion, frais de mission, hébergements officiels.

– Les dotations en mobiliers et fournitures de bureau.

– Les dépenses liées à la coordination gouvernementale et à la logistique administrative gouvernementale.

La question est donc simple : où aurait-il pu y avoir une quelconque mainmise financière avec de telles attributions ? Ceux qui prétendent que j’ai détourné les deniers publics doivent expliquer comment cela aurait été possible, alors que je n’ai jamais exercé un poste où de grands projets d’infrastructures étaient lancés, où des marchés publics étaient signés, où des fonds de développement étaient alloués. Les faits parlent d’eux-mêmes.

Mais le plus absurde dans ces attaques, c’est qu’elles ignorent un fait fondamental : loin d’avoir cherché à m’enrichir personnellement, j’ai souvent investi mes propres ressources pour améliorer les conditions de travail des agents placés sous ma responsabilité.

Au Ministère de la fonction publique, où je n’avais aucun budget propre durant mon passage, j’ai engagé près de 50 millions de francs CFA sur mes fonds personnels pour réhabiliter la salle informatique et embellir quelques autres infrastructures pour améliorer le cadre de travail les infrastructures. Au Ministère de l’Agriculture, où je n’ai passé que deux semaines, j’ai investi 10 millions de francs CFA de ma poche pour améliorer le cadre de travail.

Et que l’on me dise maintenant : où est le détournement ? Où est l’enrichissement personnel ? Quel homme avide de pouvoir et d’argent utiliserait ses propres ressources pour embellir des bâtiments administratifs au lieu de s’enrichir sur le dos de l’État ? Ce n’est pas l’attitude d’un homme corrompu. C’est l’attitude d’un homme de conviction, qui place l’intérêt collectif au-dessus de son intérêt personnel.

Par ailleurs, certains voudraient me faire passer pour un « fossile du système », un homme resté trop longtemps aux affaires. Mais huit ans de responsabilités peuvent-ils être comparés à d’autres qui ont passé vingt, trente ou quarante ans dans l’appareil d’État ?

Voici la stricte vérité sur mon niveau réel d’implication dans la gestion des ressources publiques. Sans fioritures, sans exagérations, sans faux-semblants. Ceux qui continueront à propager des accusations fantaisistes devront désormais répondre aux faits que je présente aujourd’hui au peuple gabonais.

Le moment est venu de tourner la page des rumeurs et des calomnies. Le moment est venu de se concentrer sur l’avenir, sur la reconstruction de notre pays, sur l’instauration d’une gouvernance où l’intérêt général passe avant les intérêts individuels.

Le Gabon a besoin de dirigeants qui donnent plus qu’ils ne prennent. Il a besoin de serviteurs de l’État et non de profiteurs du pouvoir. Il a besoin de bâtisseurs et non de prédateurs. Voilà ce que je suis. Voilà ce que je veux incarner.

Ceux qui ont voulu salir mon nom dans l’opinion l’ont fait avec une intention claire : délégitimer mon discours, me priver du soutien du peuple, faire en sorte que mes prises de position ne soient pas écoutées. Mais aujourd’hui, je vous livre les faits, rien que les faits, et ils sont incontestables.

Alors que chacun se pose cette question : pourquoi tant d’acharnement contre moi, alors que d’autres, ayant occupé des postes à haut risque financier bien plus longtemps que moi, ne sont jamais inquiétés ? Pourquoi suis-je celui contre qui l’on a tenté, sans succès, d’instruire un faux dossier pour enrichissement illicite et détournement des deniers publics depuis 2019, alors que tous les contrôles effectués n’ont abouti à rien ? Parce que je dérange. Parce que je ne me suis jamais soumis. Parce que je n’ai jamais voulu faire partie de ces cercles où l’on se protège mutuellement pour ne jamais répondre de ses actes devant le peuple.

La vérité est là. Claire, factuelle, vérifiable. À chacun désormais d’ouvrir les yeux et de juger en connaissance de cause.

Ali Akbar ONANGA Y’OBEGUE, Docteur en Droit, Enseignant à la Faculté de Droit et des Sciences Économiques de l’Université Omar Bongo de Libreville, Secrétaire Général du Parti Démocratique Gabonais, Ancien Ministre.

NB : cette publication ne reflète pas le point de vue de la rédaction

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