Albert Ondo Ossa avait subitement pris ses distances avec le général Brice Clotaire Oligui Nguema et le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) alors qu’au lendemain du putsch militaire du 30 août 2023, celui que les gabonais appellent affectueusement A2O semblait fumer le calumet de la « libération » avec les militaires.
Le tombeur d’Ali Bongo Ondimba s’était rendu nuitamment à son domicile. Les deux hommes étaient main dans la main, en décembre 2023, il y a donc un an, à Oyem lors du lancement des travaux de construction de l’axe Oyem- Assock Medzeng menant vers la frontière avec la Guinée Equatoriale voisine.
L’épisode d’Oyem est le dernier acte « d’amour » en public entre les deux hommes. Ondo Ossa s’est blotti autour de lui. Il a aiguisé son langage développant les arguments de « vol » de sa victoire à la dernière élection présidentielle par les militaires qui ont opéré le coup d’Etat du 30 août 2023.
Comme un rebelle, Ondo Ossa était devenu un des principaux pourfendeurs de la transition en cours.
Professeur d’économie et ancien ministre sous Omar Bongo, Albert Ondo Ossa a naturellement appelé à voter non contre le projet de la constitution durant le référendum du 16 novembre dernier.
Sa descente au palais présidentiel jeudi où il a eu un tête avec le président de la Transition, semble être un changement de stratégie. Un nouveau virage pour cet intellectuel connu pour la profondeur de ses analyses.
La constitution du 16 novembre ne lui laisse pas une très grande marge de manœuvre. L’un des articles limite l’âge pour être candidat à une élection présidentielle entre 35 et 70 ans. En 2025, A2O né le 17 juillet 1954 aura 71 ans. Son destin au sommet de l’Etat, sinon ses ambitions nationales sont anéantis.
Albert Ondo Ossa reste un tacticien. En 2022 alors que s’approchait l’élection présidentielle de 2023, le professeur avait surpris la classe politique en annonçant publiquement lors d’une conférence de presse qu’il était candidat à la candidature. C’est-à-dire un des possibles candidats de l’opposition pour affronter le président de l’époque, Ali Bongo Ondimba. Les statistiques n’étaient pourtant en sa faveur.
« Nous sommes dans un mercato politique. L’emportera celui qui saura mieux se vendre », avait-il confié à un reporter de Gabonactu.com en marge de la conférence de presse qu’il avait tenu à l’hôtel Impérial sur le boulevard Triomphal. C’était à un an de la présidentielle de 2023.
Finalement, c’est lui qui avait remporté le mercato laissant sur le carreau des poids lourds comme Alexandre Barro Chambrier, Paulette Missambo et Raymond Ndong Sima.
Se repositionne-t-il à nouveau dans le mercato ? La question reste posée.
Carl Nsitou